Salut à tous !
Un petit article de notre ami Jérôme qui prépare activement son trail nocturne de 87kms…
Je le partage tel quel afin de ne pas déformer ses propos et lui souhaite de réussir dans son prochain defi!
Nous reviendrons vers Jérôme pour un debrief après le trail.
Présentation :
Le décor est planté : la Roche d’Oëtre. Pour les normands, de souche ou d’adoption (comme moi), j’imagine que ce caillou (…) ne vous est pas inconnu. Au cœur de la Suisse Normande, dans l’Orne (61), se trouve ce site exceptionnel et bien connu des traileurs, VTTistes et autres randonneurs.
Pourquoi ai-je choisi aussi tardivement ce site pour aller m’y frotter ? A dire vrai, j’y suis allé de multiples fois mais assis sur la selle de mon VTT. Je connais donc bien l’endroit, tant sa beauté que ses difficultés. Il est aussi vrai que j’ai été plutôt attiré par les sirènes de courses plus connues dans le milieu du trail : les monts du Lyonnais via la doyenne, la SaintéLyon (81 km en 2018 et 78 km en 2023); et Millau, avec son fameux trail des Templiers (80 km en 2021).
Ces 3 expériences restent des souvenirs incroyables et je ne dis pas que je n’y retournerai pas une autre fois… Mais en attendant, après avoir couru plusieurs fois le trail de la Roche d’Oëtre dans sa version 40 km (la dernière fois était en 2023), l’envie m’a pris : pourquoi finalement ne pas courir du long en local ? RDV est donc pris pour le 20 octobre prochain si tout va bien.
Les questions :
Cela étant dit, plusieurs phrases reviennent autour de moi, à chaque course :
• « Tu as du courage »
• « Pourquoi tu fais ça ? »
• « Tu es fou !! »
• « je t’admire, moi je ne peux pas courir 200m »
• « Tu es fou !! » (Oui celle-là revient très souvent)
• « Ça doit être super dur »
• « Tu t’entraînes comment ? »
…
J’arrête là car il y en a d’autres mais voilà les principales, récurrentes.
Les réponses :
Je vais mettre par écrit ce que je réponds habituellement :
• Le courage : non, je n’ai pas plus de courage que d’autres, et certainement bien moins que celles et ceux qui se battent pour leur vie par exemple (je pense aux ukrainiens par exemple, j’y suis attaché d’une certaine manière mais ce n’est pas le sujet).
Ce n’est donc pas une question de courage, c’est une question avant tout de discipline. Why ? Et bien parce que je suis à la lettre mon programme d’entraînement ; qu’il pleuve, vente, neige, ou qu’il fasse 30 degrés, si je dois aller courir ou rouler, j’y vais. Le jour de la course, c’est le paramètre que l’on ne peut pas gérer donc autant s’entraîner dans toutes les conditions qui se présentent (je vous parle de ma première SaintéLyon, toute la nuit passée à courir ou en tout cas à tout faire pour ne pas chuter tant il a plu ? Je vous parle de ma seconde SaintéLyon, toute la nuit passée à courir ou en tout à tout faire pour ne pas chuter tant le verglas s’était invité ? …).
• Le pourquoi : C’est certainement le plus difficile à expliquer. Chacun(e) a ses propres raisons, quelles qu’elles soient, de s’engager dans des défis, quels qu’ils soient. Pour des pro, mes petits trails de 80 bornes, c’est du pipi de chat. Pour des non-sportifs, c’est juste inimaginable. Je ne cherche aucune gloire, aucune récompense. Au passage, je suis de toute façon bien trop mauvais pour aller ne serait-ce que frôler un bout de crampon des meilleurs. Mais je m’en moque, car je fais ça pour moi. Juste pour moi. Premièrement parce que la société, les gens, nos proches, nous fixent des limites. Et bien pour avoir couru un grand nombre de courses, je sais que mes limites sont celles que moi je me fixe et pas les autres. Et nos limites ne sont pas éternelles, elles sont faites pour être atteintes puis dépassées, repoussées. Quel pied quand on se rend compte que l’on explosé nos soi-disant limites !!!!
Quand on ajoute à cela les émotions que procurent le fait de passer la ligne d’arrivée d’un challenge que l’on s’est fixé, je sais donc pourquoi je fais ça. Pour me dépasser, moi et seulement moi. Pour pleurer quand je passe la ligne d’arrivée. Pour avoir des frissons intenses quand je passe la ligne de départ. Pour vivre des aventures humaines incroyables quand par bonheur mes amis viennent faire cela avec moi.
Simple petite précision, qui a son importance tout de même : les limites fixées par le domaine médical, évidemment il faut en tenir compte. Je suis moi-même très suivi médicalement (tests à l’effort, bilan cardio, analyses sanguines…). La santé ne doit pas être mise en péril.
• La folie : Oui !! Sans (bonne) folie, tout serait bien trop triste !! Donc oui, dans un sens je suis un peu fou et ça me va bien.
• Ceux qui pensent ne pas pouvoir courir : connerie !! Si aucune contre-indication médicale, tout le monde peut faire ça. Il faut juste en avoir envie, avoir de la discipline (on y revient) et y aller pro-gre-ssive-ment !! On ne part pas sur un 80 bornes du jour au lendemain !! Déjà, la base est de courir pendant 6 mois minimum, régulièrement, avant de s’inscrire à une course. Pour le kilométrage, à bas les diktats de la société : on fait ce que l’on veut, il n’y a aucune obligation à devoir absolument courir un marathon dans sa vie (même si c’est fou, que perso j’ai commencé par ça, oui je suis fou, je l’avais dit plus haut 😉). Et on se documente, on demande des conseils à des habitués. Et tout le monde demain peut aller courir et faire son premier 5 km. La satisfaction sera la même que de finir un 80 km. Allez, on fait sauter les barrières !!! 😉
• La difficulté : je mentirais si je disais que courir 80 km, avec plus de 3000 m de D+, c’est une promenade de santé. Oui c’est dur. Oui ça fait mal. Oui il y a un moment où on se demande ce que l’on fait là. Oui on se dit « plus jamais » … et oui le lendemain de l’arrivée, on réfléchit déjà à son prochain défi !!
Mais c’est justement la progression dans l’entraînement, la discipline, l’hygiène de vie générale (on évite de bouffer raclette tous les jours mais on peut se boire un petit verre de temps en temps tout de même, faut pas déconner !!), le mental (forgé durant les longues séances d’entraînement) qui nous font tenir et aller au bout. La satisfaction à l’arrivée est indescriptible, il faut la vivre !
• L’entraînement : Je suis passé par un peu tout depuis que je cours (début en janvier 2001 avec mon 1er marathon, Venise, en octobre 2001) à savoir :
- Courir tous les jours (à l’époque une semaine type c’était judo 2 fois, squash 1 à 2 fois, natation 1 à 2 fois, VTT 1 fois, et course tous les jours !!). J’avais la méga pêche mais je déconseille fortement. Il faut du repos, absolument ;
- Faire mes propres prépas, à base de bouquins et autres sites web. Cela implique une forte connaissance de son organisme déjà et de ce qui se pratique en général ;
- Suivre des prépas standards toutes faites. C’est plutôt bien fait mais il faut être conscient de son niveau afin de ne pas partir sur une prépa trop violente ;
- Suivre des prépas individualisées en fonction de chacun.
Je suis à présent plutôt sur le 4. J’ai une prépa sur mesure, qui s’adapte à ma progression. C’est la première fois que je suis cela donc je verrai ce que cela donnera dans quelques semaines. Je ne veux pas vous inonder avec mes séances mais pour faire simple j’ai 5 séances par semaine en général (4 runs donc 2 fractio, une endurance fondamentale et une sortie longue ; 1 ou 2 sorties vélo selon les semaines, pour ajouter du kilométrage en ménageant les articulations qui prennent cher à chaque contact avec le sol). Au moment où j’écris ces quelques lignes, j’attaque ma 8ème semaine de prépa sur 15 prévues.
Pour faire simple, depuis le début de la prépa, j’en suis à :
- Run : 407,46 Km
- Vélo : 373,96 Km
- Pompes : environ 4000 (ça n’apporte pas grand-chose mais il est aussi important de renforcer le haut du corps, et surtout j’adore les pompes (vous pouvez vous référez au paragraphe sur la folie…)).
- Renfo global : pas mesuré mais pas mal de squats, de fentes, de planche, de planche superman, de montées de genoux…
Et allez, pour finir, voici ce qui m’attend le 20 octobre prochain :
En attendant, je vais poursuivre mon entraînement, avec toujours la même discipline, le même plaisir, les mêmes petites douleurs passagères, les bonnes et les mauvaises sensations, etc.
A bientôt et à votre écoute si vous avez des questions.
Jérôme
Team Icare
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