Parlez de nous !


Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours en tant que sportif amateur ?

Salut,

Jérôme, petit bonhomme d’1m68, oscillant entre 59 et 61 Kg selon les moments sportifs. Bientôt 48 printemps, sportif depuis… pfffiou, bien longtemps.

Passé du foot, comme beaucoup, au viet vo dao, pour finalement être judoka pas mal de temps, puis joueur de squash plus de 10 ans, le tout en faisant toujours du vélo derrière.

Au 1er janvier 2001, la course à pied a montré le bout de son nom et depuis nous ne nous sommes plus quittés !!

Je pratique donc la course à pied depuis 23 ans, le VTT et le vélo de route depuis quasiment toujours, et je suis également plongeur et moniteur de plongée sous-marine.


Qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer dans le monde de l’ultra-trail ?

Après avoir écumé le bitume de nombreuses années (je suis marathonien à l’origine), j’ai eu envie, sans délaisser le bitume, d’aller crapahuter un peu plus dans la nature, les chemins… J’ai commencé par des « petits » trail de 20-30 km, puis des 50 km et depuis 2018 des 80 km environ. Ici le chronomètre n’a aucune importance (pour moi), l’approche est assez différente tout en étant complémentaire à la course sur route que je continue de pratiquer avec plaisir.


Le Défi Ultra-Trail Nocturne

Pourquoi as-tu choisi de participer à un ultra-trail nocturne de 88 km ?

Mon premier trail de 81 km en nocturne (NDLR la SaintéLyon) en 2018 est une sorte de défi que j’ai eu besoin de me lancer suite à des problèmes dans ma vie perso, qui m’ont fortement affecté (la maladie de mon papa, qui a conduit à sa disparition). C’est pour lui que j’ai fait ce premier long trail. J’ai souffert mais je n’ai rien lâché, pour lui. Depuis j’ai refait 2 autres courses de cette distance, la SaintéLyon en 2023 et les Templiers en 2021. C’est une vraie aventure humaine. Pour la prochaine, je me suis dis que courir en local serait chouette, je me suis donc tourné vers le trail de la Roche d’Oëtre, en Suisse Normande. Et pourquoi en grande partie de nuit ? Pour l’ambiance particulière qui s’en dégage. C’est fabuleux. Il faut le vivre une fois pour voir cela.

Trail de la roche d oetre


Quelles sont tes attentes et tes objectifs pour cette course spécifique ?

A vrai dire, c’est très simple : je veux juste arriver au bout, en profitant du paysage (quand il fera jour !), passer la ligne d’arrivée, ressentir cette émotion qui me submerge à chaque course. La barrière chrono est de 15h donc le petit défi va être de pouvoir courir les 87 km attendus (plutôt 89 km d’après les dernières info !!) dans le délai imparti.


Entraînement et Préparation

Peux-tu décrire ton programme d’entraînement actuel pour ce défi ?

Mon programme est un habile mélange de sorties en run et de sorties en vélo. Le vélo permet un entraînement croisé, donc de solliciter les muscles antagonistes de ceux du run, et d’ajouter du kilométrage en ménageant les articulations puisque sport porté, sans impacts au sol. Les entraînements passent par des séances de fractionné (répétitions d’accélérations à des vitesses précises), de sorties longues, de week-end chocs (pour courir sur de la fatigue pour ressentir ce que je vais connaître en course). Mon programme est de 15 semaines, avec des pics, de la récup, etc.


Comment intègres-tu les entraînements dans ta routine ?

J’ai la chance d’être plutôt du matin. Donc je cours en temps masqué comme j’aime à dire. Je me lève tôt et je vais courir de nuit (encore elle !) pendant que mes proches dorment. Ainsi je ne brûle pas de temps censé être avec eux. Et ce moment matinal, de nuit, c’est mon moment, celui où je me ressource alors même que je transpire sur les séances !! La sensation de liberté que je ressens n’a pas de prix. Je cours seul, de nuit, il n’y a personne dehors, c’est juste génial. Et quelle que soit la météo, une séance prévue sera réalisée. Je ne trouve jamais d’excuse pour manquer une séance car le jour J, on ne maitrise pas le facteur météo. Donc autant s’habituer à toutes les conditions (pluie, vent, soleil…).


Quelle est la partie la plus difficile de ta préparation jusqu’à présent ?

Les week-end choc ont été rudes. Enchainer un run en fractionné en côte le samedi (environ 18-22 km) puis une cinquantaine de km le dimanche, ça tape !! Mais c’est aussi cela qui forge le mental, indispensable sur de tels formats de course.


As-tu un entraîneur ou un mentor qui te guide dans ta préparation ?

Absolument pas ! Je suis un programme d’entraînement, personnalisé. Mais je suis seul et je me repose sur moi-même, mes sensations, mes motivations.


Nutrition et Récupération

Comment gères-tu ta nutrition pendant la période de préparation ?

Pour tout dire, j’ai une alimentation plutôt équilibrée depuis de très nombreuses années. Donc je ne change finalement pas grand-chose à mon quotidien d’entraînement par rapport à d’habitude. Je veille à respecter toujours les proportions de féculents, protéines et fibres. Je mange beaucoup de fruits, de fruits secs, je bois beaucoup de thé. Cela ne veut pas dire que je m’interdis tout, je suis en plus assez gourmand. Donc si j’ai envie d’une pâtisserie ou de boire une bière avec des amis, je ne me prive pas 😉. Priver l’organisme est la pire chose à faire. L’organisme stockera ce qui lui aura été refusé donc autant profiter. Et puis vu la charge d’entraînement, les calories ne font pas long feu !!!


As-tu des stratégies spécifiques pour l’hydratation et l’alimentation pendant la course ?

J’ai testé tout cela durant l’entraînement. Je sais donc ce que je vais manger et boire durant la course. Du solide après 1h puis toutes les 30 min : pâtes de fruits (d’une marque en particulier), pâtes d’amande, du chocolat noir, des noix de cajou, du Comté pour le côté salé quand le sucré ne passe plus. Et le liquide : ma mixture jus de raisin/sel/eau, et de l’eau seule. Une à 2 gorgées tous les 1/4d’h ou toutes les 20 min selon le ressenti, les conditions météo… Et surtout je ne teste rien, que ne n’ai pas testé en entraînement, sur les ravitos. C’est le meilleur moyen d’avoir des soucis gastriques autrement.


Comment prends-tu soin de ta récupération après des séances d’entraînement intensives ?

Dans les 30 min max qui suivent un entraînement, apport de protéines pour aider à pallier les microdéchirures (normales) musculaires, et bonne hydratation sur tout le reste de la journée. Je ne suis pas du style à m’asseoir, donc je vais plutôt marcher, bouger, solliciter mes jambes comme à la normale. Evidemment, une bonne nuit de sommeil est indispensable. J’ai de la chance, je dors très bien sans que ce soit de trop longues nuits. La récup est la clé de la réussite.


Équipement et Logistique

Quel type d’équipement utilises-tu pour tes courses nocturnes ?

Je commence par avoir les chaussures qui conviennent au terrain et qui me conviennent également. Je les teste sur minimum une centaine de km avant une course. Autrement, c’est ampoules assurées. En chaussettes, je pars avec des chaussettes imperméables (c’est génial) car les conditions sont quasi tout le temps très humides sur ce genre de courses étant donné la saison). Short ou legging long polaire selon la température mais ce n’est pas aux jambes que je peux avoir froid. Pour le haut du corps, du multicouches selon la météo, avec des habits déjà testés de nombreuses fois sur longues distances pour éviter tout désagrément de frottement, d’étiquette mal placée, etc. Une veste imperméable, légère, indispensable. Casquette (contre la pluie dans la visage avec la visière), et bonnet en plus si très froid. Des gants si la température est basse aussi. On perd 40% de la chaleur corporelle au niveau de la tête et il faut protéger les extrémités. Je peux mettre aussi un tour de cou si besoin. Enfin, une frontale pour voir où je pose les pieds sur des chemins que je ne connais pas par cœur. Sur du long, un sac à dos, adapté, avec de quoi manger, boire, couverture de survie, batterie portable… Sur les courses longues, il faut savoir qu’une liste de matériel obligatoire est fournie.


As-tu des astuces ou des recommandations pour bien choisir son équipement ?

Demander !! Il ne faut pas hésiter à demander conseil à des habitués, que ce soit des sportifs amateurs comme moi, des spécialistes en magasin, des forums en ligne… Et surtout, essayer bien avant la course. Il y a parfois des équipements qui ne conviennent pas, pas grave, on teste autre chose. Le prix ne fait pas tout. Et il faut être conscient de ce dont on a réellement besoin. Le poids est l’ennemi du coureur donc viser le plus léger, ne pas se surcharger.


Comment te prépares-tu logiquement pour la course (itinéraire, ravitaillements, soutien) ?

Dans le cadre des courses longues comme celle qui arrive, je préfère ne pas regarder à l’avance le parcours. Je préfère la surprise ! D’autres diront qu’ils vont faire du repérage, qu’ils chargent le fichier .gpx sur leur montre… Pour les ravitos, ils sont en général tous les 20  km à peu près. Je m’y arrête peu de temps car c’est de plus en plus dur d’en repartir avec le temps qui passe, car on se refroidit, la fatigue, des petites douleurs… Côté soutien, si je vois des gens que je connais, ça me motive, ça me faut super plaisir. Autrement, j’ai toujours de la musique ou des podcasts sur les oreilles !


Aspect Mental et Motivation

Comment te prépares-tu mentalement pour un défi aussi exigeant ?

Comme j’ai pu le mentionner plus haut, les séances intensives aident à préparer le mental. Et pendant la course, dans les moments difficiles, je repenserai aux séances compliquées, et je me dirai « tu l’as déjà fait » ou « tu n’as pas souffert pour arrêter maintenant », et ça repart. Enfin, je me visualise passant la ligne d’arrivée. Je fais cela en général quand je vais me coucher le soir.


Quelles sont tes sources de motivation principales lors des moments difficiles ?

C’est variable selon les moments, selon les sensations. Cela va de mes proches (je me dis que je ne peux pas les décevoir ou alors je me dis que je dois aller les sauver d’un incendie par exemple), en passant par mon père, ou ça peut être que je m’imagine que des morts-vivants ou autres me poursuivent et donc je ne dois pas m’arrêter, lol. Et encore une fois, je me dis que j’ai déjà fait et que j’en suis capable.


Équilibre Vie Personnelle et Entraînement

Comment concilies-tu ta vie professionnelle, personnelle et ton entraînement intensif ?

C’est la fameuse phrase des autres : « moi j’ai pas le temps ». Bah si, puisque moi j’ai le temps. Nous l’avons tous, il faut juste s’organiser, s’imposer une discipline et s’y tenir. Je l’ai dis précédemment, je cours en temps masquée la majeure partie du temps. Parfois ce n’est pas possible (ex : run de 7h prévu un dimanche, j’ai forcément dû passer du temps sans ma famille). Côté boulot, je fais tout ce que j’ai à faire sur site et cela ne me bloque pas en dehors. Il est nécessaire de temps en temps de faire des choix, comme décliner une invitation à une soirée si un gros run est prévu le lendemain. Mais ce n’est pas grave car c’est sur une période finalement assez courte. Au final, c’est un équilibre plaisant de concilier tout ça !


Quel rôle joue ta famille et tes amis dans ta préparation et ton soutien ?

Mes proches restent finalement assez loin de ma prépa. Ils suivent ça de loin, me demandent ce que j’ai de prévu, mon ressenti mais cela s’arrête là. Ils savent que c’est un peu mon truc, mon affaire, donc ils respectent le besoin que je peux avoir de temps en temps d’être seul ou quand je vais me coucher plus tôt que tout le monde. Mes amis viennent courir avec moi quand ils peuvent et quand c’est une séance qu’ils jugent accessible pour eux, mdr. Mais il est vrai que depuis toujours, je suis assez solitaire sur ce genre de prépa, de sport, même si j’ai tendance à embarquer tout le monde dans mes pérégrinations (cf Christophe D. 😉 ).


Attentes et Préparation pour l’Imprévu

As-tu un plan de secours en cas de problème (blessure, météo défavorable, etc.) ?

Rien de particulier. La météo, je m’adapterai. L’adaptabilité fait partie de la panoplie du coureur. Et puis vu les conditions déjà rencontrées en course (pluie toute la nuit, neige, verglas…), plus rien ne me surprend, je ferai avec.

Pour la blessure, je préfère ne pas y penser. Si cela devait arriver, ce sera soit abandon (la santé est primordiale), soit une baisse de rythme si rien de grave. Seule précaution, je vais strapper mes chevilles (hyperlaxes) pour éviter de mes tordre, surtout sur des chemins de trail, entre pierriers, et autres trous.


Comment te prépares-tu à gérer les imprévus et les défis pendant la course ?

Tout simplement : en n’y pensant pas avant 😉. Je verrai comment cela va se dérouler. Si j’ai une petite qualité, c’est celle-ci : adaptabilité. C’est mon quotidien dans ma vie pro, donc ce sera idem en course. Et justement le fait de rencontrer de l’inattendu, c’est motivant. Donc on verra !!


Conseils pour les Autres

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’ultra-trail, surtout un ultra-trail nocturne ?

Je dirais qu’il faut avoir au moins 2 ans de pratique derrière soi. Avoir couru des distances telles que le marathon, qui est la première distance qui ne se fait pas les mains dans les poches et qui nécessite une préparation. Et viser quelque chose d’atteignable, ne pas avoir les baskets plus grosses que le ventre !! Dans le milieu pro, on parle d’objectifs SMART : des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, relevants (pertinents) et temporellement définis. Donc on reste humble et on ne commence pas directement par la diagonale des fous !! Comme toute pratique, il faut de la progressivité. Il faut habituer son organisme à du run long, à des sols no plats, à travailler la proprioception, surtout de nuit. Il faut essayer sur de la petite distance et augmenter très progressivement. Et ne pas lâcher si une course se passe mal. Il faut s’accrocher, cela vaut la peine.


Y a-t-il des erreurs que tu as commises et dont tu as appris ?

Toujours ! Cela va de l’équipement (d’où l’intérêt de tester bien avant) à la nourriture aux ravitos (j’ai essayé des trucs non testés à l’entraînement, je l’ai payé cash sur la suite de la course). Attention aussi au rythme de course ! Au début on est toujours en super forme et on veut aller (trop) vite. Les courses longues, c’est de la gestion. L’exemple que je prends toujours, est pour le marathon : un marathon est une course de 12 km !! Il faut gérer les 30 premiers km avant. Sur du trail long c’est la même chose, il faut gérer. Pour cela il faut se connaître, donc s’être entrainé beaucoup.


Vision Future

Après cet ultra-trail nocturne, quels sont tes projets ou défis futurs en tant que coureur ?

La première chose sera une bière et du repos !!!!

Mais pour tout dire, nous regardons déjà, avec mon ami Eric, pour refaire un marathon (Berlin, que j’ai fait en 2017). Cela voudra dire repartir sur une prépa différente du trail long.

Et enfin, mon objectif perso, c’est de courir mon premier 100 km. Je m’étais inscrit pour le faire en 2022 mais une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit a repoussé ce projet. Pas de date définie mais peut-être 2025 ou 2026 tout de même. A suivre 😉


As-tu des ambitions particulières dans le monde de l’ultra-trail ou du sport en général ?

Mes ambitions, si tant est temps que l’on puisse parler d’ambitions sont les suivantes : continuer à prendre du plaisir à faire tout cela d’une part, et d’autre part partager ce genre d’aventures avec les autres. Mes amis proches sont tous coureurs maintenant (on dit merci qui ??) et donc nous avons déjà fait des marathons et des trails longs de 80 km ensemble. L’aventure humaine est grandiose. J’espère donc pouvoir revivre cela.

Beaucoup me parlent de l’UTMB ou de la diag’, quand ce n’est pas de triathlon. Sincèrement je n’irai pas sur tout ça. Préparer des 80 km me prend déjà beaucoup de temps, et puis il faut savoir ce que l’on veut faire, ne pas subir de pression sociale. Ces courses, certes mythiques et sûrement jolies, n’en restent pas moins très commerciales et ne m’attirent pas.

Enfin, j’espère pouvoir faire du sport encore pendant de longues années ! Quand le run deviendra trop dur, je passerai sur des sports portés (vélo, natation). Je pratique l’apnée en piscine, cela me permet aussi de me détendre, d’apaiser tout mon petit organisme, cela fait un bien fou.


Conclusion

Y a-t-il quelque chose que tu aimerais ajouter ou partager avec nos lecteurs ?

Pro-fi-tez !! Faites du sport, à votre niveau, sans se soucier du regard des autres ou des dires des autres. Prenez plaisir à vous dépenser, repoussez les limites que la société vous impose, faites-le voler en éclat. Vivez !!


Comment pouvons-nous suivre tes progrès et t’encourager avant, pendant et après la course ?

J’ai un compte Strava (Jrom Gojirien), n’hésitez pas. Le jour de la course, vous pouvez venir sur le parcours (!!) ou me suivre en ligne via Breizh Chrono. J’aurai le dossard 735.

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