La vie après un ultra trail
Le 18 février dernier, j’ai complété la course de 90 km de l’Ultra Tour des Côtes d’Armor (J’en parle ici).
Après l’euphorie du moment, la fierté d’avoir relevé ce défi et la célébration avec les amis, les jours suivants ont été difficiles.
Courbatures terribles et des jambes endolories. Du mal à passer de la position assise à debout, à descendre les escaliers.
Beaucoup d’inflammation dans les genoux (chacun ayant été opéré pour les croisés, c’est là que se concentre l’inflammation quand je pousse mes limites).
Même très fatiguée, mon sommeil a été affecté initialement. Trop de stress, un corps agité car inconfortable en position statique.
Ça donne envie n’est-ce pas?
J’ai mis une semaine avant de sentir que je pouvais fonctionner à peu près comme avant. L’humeur allait à peu près, mais j’avais moins d’entrain (le weekend suivant plus relaxe en amoureux m’a reboosté!).
J’avais le sentiment d’être plus forte musculairement, mais mon système était encore en cours de réparation de ce stress énorme.
J’ai enchaîné avec un trail nocturne de 30 km
Deux semaines après mon ultra trail, je me suis lancée avec plusieurs amis sur un autre défi: le Trail Nocturne des Alpes Mancelles.
Trois fois moins long, mais presque autant de dénivelé.
Et des conditions nocturnes: une première pour moi sur une course entière. Excitant, magique, mais exigeant une concentration sans faille!
J’appréhendais ma capacité à avoir de l’énergie tard le soir (j’ai terminé la course vers 22h30). Ceux qui me connaissent savent que je suis plutôt matinale. Passé minuit, je me transforme en citrouille:)
Mon corps était prêt au départ. Je ne tenais pas en place. L’effet magique de surcompensation après avoir dépassé ses limites et permis la récupération.
J’ai « performée » et eu du plaisir à courir, mais ça m’a demandé plus de force mentale et ma récupération a été un peu plus difficile que normalement.
Est-ce l’heure tardive (le temps de rentrer chez moi, j’étais au lit à 2h du matin)? Est-ce parce que j’avais fait un ultra 2 semaines avant? Est-ce parce que je rentre dans la phase de mon cycle hormonal où j’ai moins d’énergie?
En tout cas, là, ma tête et mon corps ont besoin de repos!
Courir une telle distance: comment est-ce possible?
Beaucoup m’ont dit: « Wow! Tu as couru toute la journée? Comment tu fais? Je ne peux pas imaginer faire ça… »
Moi non plus je ne croyais pas avant. (Mes amis de course dans mes débuts doivent sourire en me voyant aller!)
Après mon premier semi-marathon en 2012, j’avais dit que je m’arrêterais là. Pas envie de faire un marathon. C’était trop dur.
Puis j’ai fait un marathon et j’ai dit ça suffit!
Mais j’ai enchaîné avec quelques marathons et je me suis mise au trail running en même temps.
Puis j’ai essayé un premier 25 km de trail (qui prend autant de temps qu’un marathon a compléter). J’ai trouvé ça très dur, mais je m’en suis remise plus rapidement qu’un marathon.
Et j’ai continué ma progression. Me défiant de plus en plus. Me concentrant davantage sur le trail car je prends plus de plaisir à courir dans la nature et explorer des sentiers et paysages variés.
L’enjeu pour moi, c’est que je suis compétitive.
C’est devenu évident avec mes deux dernières courses.
Quand j’entreprends quelque chose, je m’investis et fais de mon mieux. Je cherche donc ma limite, à me dépasser.
Faire un marathon ne m’a pas suffit. J’ai cherché à me qualifier pour Boston (j’ai réussi en 2017).
Grâce à une volonté de retrouver toute ma puissance suite à ma première opération au genou, j’ai terminé 3e chez les femmes au 80 km de Québec Méga Trail en 2019 (mon deuxième ultra).
De gros investissements de temps et d’énergie. Chaque fois, s’en est suivi une période difficile physiquement et mentalement.
C’était aussi beaucoup de discipline. Mais cette soi-disant discipline pour certains, je ne la tiens pas seulement pour me préparer à une épreuve de course. C’est mon mode de vie.
Je ne le sens pas comme un sacrifice. Je priorise ce qui est important pour moi et ma santé, même si c’est difficile, inconfortable et souvent contre la norme.
Toi aussi tu peux y arriver
Progressivement.
Avec de la régularité et des défis de plus en plus grands. Ta base devient ainsi de plus en plus haute.
Une sortie de course qui auparavant était un challenge pour moi, aujourd’hui mon corps le fait avec économie (peu d’effort cardio et de stress – métabolisme et cellules adaptés).
L’autre clé: la gestion du stress.
Gérer le stress implique de moduler l’intensité et la fréquence des entraînements, mais aussi la gestion des émotions et de son mental.
Certaines émotions dites de basse fréquence interfèrent avec la cohérence physiologique, essentielle pour que le corps puisse bien s’adapter et récupérer des demandes qu’on lui impose.
Les pensées générant de l’anxiété, de l’inquiétude, de la culpabilité ou ces émotions de basse fréquence, drainent l’énergie. En étant dispersé et agité mentalement, on crée aussi du chaos dans le corps.
Gérer son stress, c’est aussi:
- adopter une alimentation anti-inflammatoire pour contrer les effets du stress.
- ne pas boire d’alcool (ou de manière très, très, très occasionnelle en conscience de l’impact toxique sur le foie et le corps)
- avoir un sommeil suffisant et régulier
- rythmer ses journées et ses semaines, alternant action et repos
- entretenir des relations saines et nourrissantes
Les marathons et les ultra, c’est pas santé
Pas santé c’est vrai, mais pas nécessairement néfaste pour la santé.
Une telle course est un stress important. L’entraînement pour ces courses représente un stress important.
Mais, c’est une question de dosage.
Dosage de ce stress par rapport aux autres sources de stress. Si tu es parent de jeunes enfants, que tu travailles à temps plein et que tu prépares ton premier marathon, ça fait beaucoup de stress !
Je sais, ç’a été mon expérience. Ma santé hormonale en a été affectée. J’ai perdu trop de poids et mes menstruations se sont arrêtées.
Mais si tu as déjà plusieurs marathons derrière toi, que tu n’en fais pas 10 par année et que tu t’accordes des périodes off, le stress de l’entraînement ne sera pas aussi élevé.
Le stress de ce type d’épreuve sera temporaire plutôt que chronique.
C’est le stress chronique qui est mauvais pour la santé.
Ça crée de l’inflammation chronique qui peut mener à diverses maladies chroniques et troubles musculosquelettiques.
Donc, si tu as un mode de vie sain, tu équilibres tes sources de stress et tu adoptes un mode de vie anti-inflammatoire, ton corps récupérera, se régénérera.
Tu deviendras plus fort et résilient.
Par @Chantal Audet, pour @icareconcept
Coach Vitalité et Audace
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